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La Galerie La Patinoire Royale Bach est ravie de présenter Gordon Matta-Clark, sa première grande exposition personnelle en Belgique depuis des décennies.
Centrée sur ses interventions architecturales emblématiques, l'exposition réunit une large sélection de collages, photographies, films et livres créés par Matta-Clark autour de Bronx Floors (1972), Walls (1972), Splitting (1974), Bingo (1974), et Conical Intersect (1975). La galerie met l’accent tout particulièrement à Office Baroque (1977), l'emblématique coupe de bâtiment que l'artiste a réalisée en Belgique un an avant sa mort prématurée. Ces œuvres dialoguent avec une installation immersive d'œuvres cinématographiques de Matta-Clark, présentée dans la majestueuse nef de la galerie. Sous le commissariat de Julien Frydman, l’exposition rend hommage à un artiste visionnaire dont la pratique novatrice, qui bouscule les genres, a littéralement ouvert espaces et perspectives. L'impact de son travail sur les générations d'artistes qui ont suivi reste aujourd'hui plus pertinent que jamais.
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Bronx Floors (1972) est la première œuvre architecturale à grande échelle de Matta-Clark. Il y a disséqué les sols et les murs d’immeubles abandonnés du Bronx, créant des couches d’espace négatif qui ouvrent de manière inattendue des passages visuels entre les différents intérieurs d’appartements, ainsi qu’une vue directe sur la rue extérieure. L’exposition présente trois collages en tirages gélatino-argentiques regroupant des photographies à la fois troublantes et vertigineuses, révélant la multiplicité des perspectives offertes par ses découpes, ainsi que des clichés des sections extraites qu'il a ensuite exposées.
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Walls, 1972
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En aplatissant la perspective de ces surfaces de briques apparentes et de peinture écaillée, l’artiste abstrait les formes de la ville, révélant un rythme et une poésie visuelle tout en mettant en lumière la déliquescence de ces quartiers. Les gros plans témoignent de la finesse de son intervention dans et sur les intérieurs, tandis que les plans larges dévoilent sa vision stratifiée et morcelée de la ville, un thème qui deviendra encore plus explicite dans son œuvre ultérieure.
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Splitting (1974)
Splitting (1974) est l'une des interventions architecturales les plus emblématiques de Matta-Clark. L'artiste a minutieusement découpé une maison de deux étages, vouée à la démolition, sur un terrain appartenant à Holly Solomon, sa galeriste visionnaire, à Englewood, dans le New Jersey. Il a réalisé deux coupes verticales parallèles à travers toutes les surfaces structurelles de la maison, puis a retiré plusieurs blocs de fondation, provoquant un léger basculement d'une moitié de la maison par rapport à l'autre. Il crée ainsi un interstice en forme de coin entre les deux parties. Avant que le bâtiment ne soit démoli en septembre 1974, il a également extrait les quatre coins supérieurs de la structure, qu'il a ensuite exposés en tant qu'œuvres d'art autonomes (aujourd'hui conservées dans la collection du San Francisco Museum of Modern Art).
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L’une des pièces maîtresses à La Patinoire Royale Bach est le collage photographique original de Splitting (1974), une œuvre unique qui figurait en pleine page pliée dans le livre d'artiste de Matta-Clark, Splitting, publié à l'époque par 98 Greene Street Loft Press. L'artiste a assemblé des fragments photographiques pour offrir une vue intérieure de Splitting, employant une relation géométrique à l'espace dans ce collage, en résonance avec ses découpes monumentales. L'exposition propose également une sélection des collages originaux utilisés pour les pages de ce livre d'artiste.
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Une projection à grande échelle du film muet en couleur Splitting, initialement tourné en super 8, recouvre l’un des murs de la nef, insufflant l’énergie cinétique de la pratique vivante de l’artiste dans l’espace de la galerie. D’autres éditions de ce film font partie des collections du 21st Century Museum of Contemporary Art à Kanazawa, de l’Art Institute of Chicago, du Carnegie Museum of Art à Pittsburgh, et du Centre Pompidou à Paris.
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Bingo (1974)
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Une projection à grande échelle de Bingo (1974), montre en détail les mains de l’artiste traçant les coupes prévues sur une photographie de la maison, puis suit le processus, condensé en seulement dix jours. Des descriptions fragmentées s’entrelacent aux scènes, offrant une présence silencieuse de la voix de l’artiste, qui avait pour habitude d’écrire des bribes de pensées sur des fiches, à l’image de son parrain Marcel Duchamp.
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Conical Intersect (1975)
En 1975, à l’occasion de la Biennale de Paris, Gordon Matta-Clark réalise Conical Intersect (1975), une intervention sur deux hôtels particuliers du XVIIe siècle situés dans les quartiers des Halles et du Plateau Beaubourg, à proximité du chantier de construction du Centre Pompidou. Ces deux bâtiments étaient les derniers vestiges d'une zone contestée qui avait récemment fait l’objet de transformations massives. Pour cette œuvre, Matta-Clark a découpé une large forme circulaire dans un mur de maçonnerie porteur, donnant sur la rue, et a creusé un espace conique en angle ascendant, traversant jusqu’à l’autre côté, perçant un petit trou dans le toit. C’était le premier projet dans lequel l’artiste a pu relier plusieurs structures en une seule coupe. Un rare collage photographique rend la dimension de l'œuvre vivante grâce à une superposition d'images qui révèle la coupe circulaire et les bords effrités des murs exposés.
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City Slivers (1976)
Parmi les films présentés figure City Slivers (1976), une œuvre moins connue dans laquelle Matta-Clark explore la “texture” de New York à travers une série de coupes verticales montrant des rues animées et des gratte-ciel. Les images fragmentées et morcelées évoquent les lignes qu'il traçait dans les murs, offrant un contexte plus profond à la vision qui a façonné ses œuvres majeures. Les angles de vue changeants, parfois présentés simultanément, font écho à une référence poignante, voire subliminale, à son frère jumeau, qui s'est tragiquement tué en tombant d'une fenêtre de l'appartement qu'ils partageaient cet été-là. Vers la fin du film, un texte bref et à peine lisible, que Matta-Clark a découpé à la main et inséré dans la bobine, contient les mots « he just hit the pavement...face down » (il vient de heurter le trottoir...face contre terre).
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Une section spéciale de l'exposition est dédiée à Office Baroque (1977), l'une des dernières interventions de Matta-Clark, réalisée en Belgique un an avant sa mort prématurée en 1978, à l'âge de 35 ans. L'artiste a exécuté une série de coupes géométriques complexes en trois dimensions, basées sur des motifs de cercles superposés, qui traversent systématiquement les cinq étages d'un immeuble de bureaux à Anvers. L'exposition présente un documentaire consacré au projet, des rares tirages Cibachrome, une série de photographies en noir et blanc des différents intérieurs, une étude préparatoire où l'artiste a esquissé les coupes sur un tirage gélatino-argentique, ainsi qu'une affiche réalisée pour marquer le lancement du projet.
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L'exposition présente un documentaire consacré au projet, des rares tirages Cibachrome, une série de photographies en noir et blanc des différents intérieurs, une étude préparatoire où l'artiste a esquissé les coupes sur un tirage gélatino-argentique, ainsi qu'une affiche réalisée pour marquer le lancement du projet.
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Cette exposition a pu voir le jour grâce au soutien de The Estate of Gordon Matta-Clark, en collaboration avec la David Zwirner Gallery et Montrasio Arte à Milan.
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GORDON MATTA-CLARK
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