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La Fin du Monde, la première exposition de l’artiste chilien Alfredo Jaar au sein de la galerie, explore l’industrie extractive et les chaînes d’approvisionnement mondiales des minéraux stratégiques – ces ressources naturelles indispensables aux outils et technologies qui rythment notre quotidien, des téléphones aux ordinateurs, en passant par les voitures électriques.
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The exhibition centers on a single work The End of the World (2023-2024) composed of ten of the most precious minerals in the world: cobalt, rare earths, copper, tin, nickel, lithium, manganese, coltan, germanium, and platinum.
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Pour concevoir cette œuvre, l’artiste a mené cinq années de recherche, en collaboration avec le géologue politique Adam Bobette. « Les minéraux dits “critiques” ne le sont pas par nature, mais par choix politique », écrit Bobette dans l’introduction d’une série de dix essais, chacun consacré à l’un des minéraux présentés dans l’œuvre.
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Alors que les guerres pour le contrôle des ressources se multiplient à travers le monde — de la dévastation causée par l’extraction de lithium dans le désert d’Atacama, au Chili natal de l’artiste, jusqu’aux ambitions impérialistes des menaces d’annexion du Groenland par le président américain Trump et aux négociations autour de l’accès aux ressources naturelles de l’Ukraine — La Fin du Monde met en lumière la capacité d’Alfredo Jaar à rendre sensible l’injustice contemporaine, au cœur même de la capitale européenne.
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Le catalogue présente des textes d’Allyn Aglaïa et d’Adam Bobette qui situent l’œuvre dans la pratique de l’artiste et détaillent les histoires sociologiques des minéraux qui composent l’œuvre.
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ALFREDO JAAR | ARTPRESS
PRESS 24 Novembre 2025Dans Artpress, Maud de la Forterie écrit sur l'exposition La Fin du Monde d'Alfredo Jaar. Il y a là une véritable scénographie, un sens du dramatique pleinement assumé. Le dispositif,... -
ALFREDO JAAR | LE SOIR
PRESS 3 Novembre 2025Jean-Marie Wynants écrit dans Le Soir à propos de l’exposition La Fin du Monde d’Alfredo Jaar. Au centre du vaste vaisseau de la Galerie La Patinoire Royale Bach, un cube... -
ALFREDO JAAR | BEAUXARTS
PRESS 10 Septembre 2025Dans le magazine BeauxArts , Maïlys Celeux-Lanval écrit sur l’exposition d’Alfredo Jaar à la galerie La Fin du Monde . Il y a travaillé cinq ans. Investi du temps, de... -
ALFREDO JAAR | RTBF
PRESS 17 Septembre 2025Pour la RTBF, Marc Oschinsky interviewe Alfredo Jaar à propos de son exposition à la galerie La Fin du Monde . Alfredo Jaar utilise donc l’art contemporain pour attirer l’attention...
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Alfredo Jaar (né en 1956 à Santiago du Chili) est artiste, architecte et cinéaste. Son œuvre a été exposée dans le monde entier et il a réalisé plus de soixante-dix interventions publiques à l’international. Plus de 70 monographies lui ont été consacrées. Il a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le Prix Pictet (2025), IVe Prix Méditerranéen Albert Camus (2024), le Hasselblad Award (2020) et le Hiroshima Art Prize (2018). Il vit à New York and Lisbon.
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SELECTED WORKS
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Life Magazine, April 19, 1968, 1995
Alfredo Jaar
Life Magazine, April 19, 1968,, 1995Life Magazine, 19 avril 1968 (1995) compte parmi les œuvres majeures en caisson lumineux de l'artiste chilien. Par une approche pointue, il s'approprie une image des archives publiques et intervient avec la précision chirurgicale qui le caractérise pour révéler les inégalités sociales et interroger les mécanismes de production des images.
L'image source est une photographie documentaire des funérailles de Martin Luther King, publiée en 1968 dans Life Magazine, alors référence incontournable pour toute une génération d'Américains. On y voit un cercueil tiré par des chevaux, entouré de sympathisants, tandis qu'en arrière-plan, une immense foule envahit le boulevard et s'étire jusqu'à l'horizon. Cette image constitue un témoignage saisissant de l'influence du leader des droits civiques disparu. L’œuvre fait partie des « temps forts de la foire » à Brafa en janvier 2026.
Le dispositif triptyque déploie la photographie originale en grand format sur le tiers gauche du caisson lumineux. Au centre, l'image est recouverte de blanc : à la place des visages de la foule apparaissent des points noirs, dense constellation qui envahit et déborde la rue. Dans la partie droite, l'image est également effacée sous un voile blanc, mais cette fois, seuls quelques points rouges parsèment l'espace — une poignée dispersée à travers la foule.
Les points noirs marquent les visages des Afro-Américains. Les points rouges, les participants blancs.
Réalisée pendant que Jaar explorait les archives de Life pour concevoir Searching for Africa in Life (1996) — œuvre emblématique où l'artiste reproduit toutes les couvertures du magazine pour dénoncer, par le punctum même de son titre, l'absence flagrante d'une représentation juste du continent africain — Life Magazine, 19 avril 1968 (1995) révèle une absence tout aussi éloquente. Par la rigueur de son intervention et l'épure formelle de son langage visuel, un geste minimal suffit à évoquer toute la complexité du racisme persistant et des inégalités qui traversent la société contemporaine.
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Searching for Africa in Life, 1996
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“Searching for Africa in LIFE” compile 2 128 couvertures du magazine LIFE publiées entre 1936 et 1996. Pour les États-Unis, LIFE a été le premier et le plus influent des magazines de photojournalisme. Avec plus de treize millions de lecteurs hebdomadaires à son apogée, Le magazine ambitionnait d’offrir au pays une fenêtre sur le monde. Lorsque Henry Luce, l’éditeur de LIFE, a lancé la publication, son objectif était de « voir la vie, voir le monde, être le témoin oculaire de grands événements… ». Cependant, le faible nombre de couvertures présentant des sujets africains au cours des soixante années de diffusion du magazine remet en question cette ambition. “Searching for Africa in LIFE” reflète les attitudes historiques des Américains en matière de culture et de race, attitudes qui continuent à se répercuter aujourd’hui.
Jaar puise dans les archives pour proposer une exploration de la politique de représentation dans les médias grand public et pour interroger nos propres hypothèses sur la culture et l’ethnicité. Jaar met notamment l’accent sur la formation et la distribution du savoir autour de ces questions. La diversité et la complexité d’une culture riche, en l’occurrence le continent et les peuples d’Afrique, sont largement ignorées et réduites à une poignée d’images condescendantes et exotiques. “Searching for Africa in LIFE” remet en question l’actualité des constructions médiatiques en attirant l’attention sur le pouvoir des collections matérielles de repositionner notre regard et de mettre en lumière les lectures grossières et erronées des récits historiques.
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Alfredo Jaar
Searching for Africa in LIFE, 1996Five lightboxes, analog C-print on Duratrans
Each lightbox: 152.4 x 101.6 cm / 60" x 40"
Overall Dimensions: 152.4 x 508 cm / 60" x 200"
Unique -
I Can't Go On, I'll Go On, 2016
Alfredo Jaar
I Can‘t Go On. I‘ll Go On, 2016Neon on steel frame
unique copy (+ 1 EA vendu)
150 cm x 150 cm / 60” x 60” -
Écrite en néon lumineux, I Can’t Go On, I’ll Go On (2016) cite les huit derniers mots du roman de Samuel Beckett, L’Innommable (1953). En utilisant l’aporie générative, signature de Beckett — une contradiction qui crée — l’œuvre offre une métaphore parfaite pour l’époque actuelle, que Jaar décrit comme « un temps de chaos et de confusion absolus, où l’effondrement des idéologies et de la politique traditionnelle est amplifié par un éblouissant éventail de développements technologiques ; une ère de réalités alternatives, autrement dit le moment post-vérité ».
L’artiste utilise les codes des médias et de la publicité — ici l’enseigne au néon — pour engager le spectateur. Divisée en deux lignes, l’œuvre est structurée pour décrire un cycle d’espoir et de désespoir. Tandis que la première ligne, rouge et compacte, semble s’effacer en arrière-plan, la seconde, lumineuse et grande, apparaît plus forte, comme si elle était criée, nous incitant à résister à la tentation d’abandonner.
Les mots de Beckett résonnent également avec une célèbre déclaration d’Antonio Gramsci, le philosophe italien que Jaar cite souvent pour son engagement constant envers les problèmes sociaux apparemment insolubles de notre temps. Gramsci décrivait la coexistence du « pessimisme de l’intellect et de l’optimisme de la volonté».
I Can’t Go On, I’ll Go On offre une voie à travers l’impasse de notre sentiment d’impuissance face à des catastrophes plus grandes que nous : reconnaître le désespoir et aller de l’avant, avec optimisme.
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A Logo for America, 1987
Alfredo Jaar
A Logo for America, 1987Sur un panneau lumineux au cœur de Times Square, Alfredo Jaar présente A Logo for America (1987), une animation de 42 secondes qui remet en question l’usage du mot « Amérique » pour désigner uniquement les États-Unis, effaçant ainsi le reste du continent de la conscience collective. Pour Jaar, né au Chili, cette réduction linguistique n’est pas anodine. En espagnol, América désigne l’ensemble du continent, et l’éducation latino-américaine encourage à se penser comme appartenant à cette totalité plutôt qu’à une nation isolée. L’usage américain du terme révèle une domination culturelle, politique et économique, un nom qui occulte volontairement les autres réalités du continent.
Jaar a réalisé plus de 70 interventions publiques au cours de sa carrière. Cette animation numérique a clignoté à Times Square, s’appropriant la matérialité et le langage des panneaux lumineux dans cette Mecque de la publicité, si représentative du pouvoir capitaliste des États-Unis. Le message politique incisif de Jaar a subverti et perturbé les mécanismes habituels de la publicité grâce à son commentaire social.Créée à l’origine en 1987, l’œuvre a acquis de nombreuses significations stratifiées au fil de son histoire, au gré des évolutions de la position et de la politique américaines. Son message est constamment renouvelé et reste pertinent pour notre époque en mutation.
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Studies in Happiness (1979-81) est l’une des premières œuvres de Jaar. Ce projet poétique, participatif et politique préfigure la majeure partie de son travail à venir. Au Chili, entre 1979 et 1981, Alfredo Jaar a posé aux passants dans la rue une question simple : « Êtes-vous heureux ? » La naïveté de cette approche constituait une manière subversive d’ouvrir un dialogue public dans le contexte répressif de la censure extrême et de la peur durant la dictature d’Augusto Pinochet.
La galerie est très heureuse de présenter une rare sélection de tirages vintages du projet. Des scènes de rue de Santiago sont ponctuées de panneaux publicitaires qui posent cette question existentielle et toujours pertinente. Ces œuvres offrent un aperçu précoce des thèmes et des modalités que Jaar allait employer tout au long de sa carrière. Elles sont également des pièces saisissantes et intimes en elles-mêmes — à la fois actuelles et intemporelles.
ALFREDO JAAR | LA FIN DU MONDE
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