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La pratique polyphonique de Jeanne Susplugas isole les formes et stratégies de l’enfermement — physique, social, intellectuel et émotionnel. À travers l’usage de médiums variés tels le dessin, l’installation, la sculpture, le film, la céramique ou la réalité virtuelle, l’artiste met en forme les liens étroits préexistants entre les sciences, l’économie et le vivant, ainsi que les injonctions de l’époque au contrôle permanent de nos humeurs. Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie La Patinoire Royale Bach, elle réunit, sous un titre qui rappelle un recueil de nouvelles de Charles Bukowski, un ensemble de pièces interrogeant les méandres de nos cerveaux.
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Dans de récents dessins et wall-drawings Susplugas explore la question des généalogies — ses deux parents travaillant par ailleurs dans le secteur des plantes médicinales. Arbre généalogique (2017) représente un arbre de chantiers familiaux se nourrissant de phobies et aliénations.
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Dans le même sens ici, Chemin initiatique (2023), installation de rochers sur lesquels sont gravés des mots, invite à nous défaire de nos schémas répétitifs. Il est alors question de soutenabilité psychique, manifestée par la prise d’aide chimique chez nombre de populations. Ici la « biomorale » répond au terme de biopouvoir défini par Foucault, dans les années soixante-dix : une gouvernance établie non sur des zones géographiques mais des populations humaines. Si tant est que notre époque ne bâtit pas son propre radeau de la Méduse, le travail de Susplugas répond à un besoin urgent d’habitabilité, tant de nos corps que du décor qui les contient.
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Les jeux d'échelle sont très présents dans le travail, évoquant à la fois l’infiniment petit, que l'on découvre au microscope, et la place que l’on prend dans un environnement : autant de variations qui viennent questionner l’ « autre ». Notre société actuelle, liquide et hyper connectée, sur le modèle d’un organisme, ne tendrait-elle pas à promouvoir une performativité permanente, concourant à la logique d’un monde plus uniquement sain, mais devenu industriel, libertarien ? Une oppression à suivre des normes, promue sous couvert de progrès social. Bird (2023), sculpture de verre en forme de clitoris, évoque la place fragile des femmes dans un socius patriarcal. L’objet fait suite à une version déjà réalisée en réalité virtuelle I will sleep when I’m dead, (2020). Susplugas raconte la condition humaine via une tentative de faire corps (physique comme social). Ses œuvres invitent à l’individuation dont parle Georges Simondon : cette capacité à agir de soi-même.
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Ordinary Madness encourage à troquer toute prescription donnée, pour une mise en élan volontaire. Engageant de nouveaux rapports à la nature, à l'autre et à nous-mêmes, l’exposition enjoint à faire de nos friches intérieures des jardins de subsistance.
— Agnès Violeau
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Jeanne Susplugas (France, 1974) exploite des médiums variés, tels les installations, le dessin, la photographie et le film dans une pratique qui propose une réflexion, non dénuée d'humour, de dérision, voire de cynisme, sur les maux de notre société. Ses préoccupations principales se portent sur les stratégies d'enfermement, l'addiction, l'aliénation et la solitude.
Ses expositions personnelles récentes incluent Pozo Santa Barbara à Mieres (2024), Centre Pompidou-Metz (2023), Jeu de Paume, Paris (2021), Musée Fabre, Montpellier (2020), Château de Servières, Marseille (2019), CAB-Centre d'art Bastille, Grenoble (2018), La Maréchalerie Centre d'art, Versailles (2017), Pioneer Works, New York (2014) Emily Harvey Foundation, New York (2014), Maison rouge-Fondation Antoine de Galbert (2009), MOCCA, Toronto (2002) entre plein d'autres.
Ses expositions collectives récentes incluent Philharmonie de Paris (2025), Musée de Vence (2024), STUK Arts Centre, Leuven (2023), FRAC, Montpellier (2022), Biennale Chroniques, Aix-Marseille (2021) Librairie Yvon Lambert (2020), Art Museum Shanghai (2016), Nuit Blanche de Paris (2013), 1st International Videonale Kunsthalle, Detroit (2013), Biennale Images Vevey, Suisse (2012), Palais de Tokyo (2010), Villa Médicis (2002), entre plein d'autres.
Son travail fait partie de nombreuses collections publiques dont celles du Centre Pompidou Paris, du FNAC, du FRAC Haute-Normandie, du FRAC Champagne-Ardenne, du FRAC Auvergne, du FRAC Occitanie (Les Abattoirs), du MRAC à Sérignan, de la Chocarro Fundació Vila Casas à Barcelone, du MUDAC à Lausanne, de la Thaillywood Foundation à Bruxelles, de la Kunsthalle Detroit aux États-Unis...
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JEANNE SUSPLUGAS | CENTRE POMPIDOU
INSTITUTIONAL ACQUISITION 23 Février 2025Les oeuvres I will sleep when I’m dead ( 2020) and Containers (S.C.) ( 2020) de Jeanne Susplugas rejoignent les collections du Musée National d’Art Moderne - Centre Pompidou. I... -
JEANNE SUSPLUGAS | PHILHARMONIE DE PARIS
GROUP EXHIBITION 17 Août 2025Jeanne Susplugas expose à la Philharmonie de Paris dans l'exposition collective Disco, I'm Coming Out , ouverte jusqu'au 17 août 2025. Née aux États-Unis au début des années 1970, la... -
JEANNE SUSPLUGAS | POZU SANTA BARBARA
SOLO EXHIBITION 7 Janvier 2025Jeanne Susplugas présente une exposition personnelle Se está mejor en casa que en ningún sitio (Il n'y a pas d'endroit comme la maison) au Pozu Santa Bárbara à Mieres, organisée... -
JEANNE SUSPLUGAS | CENTRE POMPIDOU-METZ
SOLO EXHIBITION 23 Décembre 2023Jeanne Susplugas présente une exposition personnelle intitulée La Rêve Même au Centre Pompidou-Metz dans l'espace Capsule d'expérimentation artistique et en relation avec Lacan, l'exposition. Quand l'art rencontre la psychanalyse du...
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JEANNE SUSPLUGAS | ORDINARY MADNESS
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