LE MONDE SERA BLEU ... OU NE SERA PAS: IRINA RASQUINET

17 Janvier - 1 Mars 2025
Présentation

Le bleu est partout : il s’épanouit, par exemple, près d’une fontaine où l’on peut venir cueillir une gorgée d’eau. En y plongeant nos mains, la surface ondule, vacille. Le reflet, désordonné, devient alors une invitation à l’exploration. Quelque chose s’éveille : un monde nouveau jaillit du trouble et des formes encore sans nom prennent vie.

 

Irina Rasquinet porte ce geste comme acte de création. S’enfoncer dans ce reflet, c’est accepter de déranger l’ordre du visible pour aller chercher quelque chose au-delà de la surface. De ce chaos naît la forme, la pensée, le nom encore inexprimé. Cette métaphore évoque à la fois l’apprentissage d’une nouvelle langue et la posture de l’artiste, qui suspend son jugement pour renouveler sa perception avec une fraîcheur venue tout droit de l’enfance.

 

Nichées sous la verrière de la Patinoire Royale, les sculptures scintillantes incarnent plus qu’une couleur : le bleu se mue en une idée, une vibration. 

 

Suspendues à des cordes marines, ces sculptures renferment en leur cœur des fragments d’enfance – des jouets cachés et des secrets comme dissimulés dans ces drôles de matriochkas. Elles deviennent des réceptacles de poésie et des invitations à explorer l’invisible sous une lumière qui les transforme à chaque instant. 

 

Les couleurs continuent à danser sur les toiles réalisées aux pigments et à la vodka : rien n’est prévu, tout s’écrit dans l’instant. Là encore, l’artiste trouble le visible pour en extraire une vérité plus intime. Le cercle, symbole récurrent dans son œuvre, renforce cette idée de lien et de cycle. Il incarne l’infini, la continuité et l’harmonie. 

 

Ainsi, dire « LE MONDE SERA BLEU... OU NE SERA PAS », c’est affirmer que l’existence elle-même est conditionnée par une qualité d’être : une attention à la beauté, une connexion avec l’invisible et une ouverture au merveilleux. Cela devient une allégorie de la fragilité et de la nécessité de protéger l’éphémère beauté.

 

- Elise Roche