CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR: THOMAS DEVAUX
Au sein de la Nef, son espace monumental emblématique, La Patinoire Royale Bach présente une exposition personnelle de l'artiste français Thomas Devaux intitulée Cet Obscur Objet du Désir.
L'exposition s'articule autour de trois séries de photographies : The Shoppers, Rayons et Dichroics. L’artiste y interroge les nouvelles transcendances du monde contemporain.
La trilogie Shoppers-Rayons-Dichroics, présentée sous le titre d’emprunt “Cet obscur objet du désir” (Luis Buñuel, 1977), a quelque chose d’opératique. Les formes et les dispositifs, les matériaux employés semblent construire le récit d’un immense aveuglement qui serait l’allégorie de notre passion déraisonnable pour la consommation. Ainsi Shoppers relève d’un travail de prise de vue à distance, fixant telle une caméra de surveillance le geste d’échange du consommateur lors du paiement de ses achats, ou bien déambulant sous le poids de ses sacs de courses. Dans des attitudes quasi zombifiées, le Shopper est traité visuellement comme une figure saignée à blanc, anonyme et pourtant singulière. Les Rayons, pour leur part, procèdent de l’agrandissement des produits de consommation jusqu’à ce qu’ils perdent toute forme reconnaissable et que leur format, leur couleur et le flou généré, produisent dans un jeu d’analogies une sorte de grand tableau abstrait. Aveuglement encore : le sacrifice de la netteté vaut comme une captation de l’attention. Paradoxalement, mis en situation d’être face à une oeuvre abstraite invitant au regard contemplatif, le spectateur ne voit plus, au sens propre du terme, la marchandise qui le subjugue. Enfin, Dichroics déploie, grâce au choix du verre éponyme qui permet une double opération lumineuse (la lumière traverse le verre mais aussi s’y réfléchit), l’image du produit agrandi et presque invisible tant il reflète le spectateur : voici celui-ci non seulement fasciné, mais pris dans l’image des choses alentours et de lui-même, soumis aux variations de lumières qui sans cesse renouvellent les lueurs colorées du verre. Aveuglé devant ce miroir aux alouettes que l’artiste a pris soin de dorer à la feuille en son cadre, le spectateur est saisi devant ce Veau d’or moderne, avec, souvent, pour seul réflexe, celui de réaliser un selfie devant ce que l’artiste appelle les “totems”. Parce que c’est finalement bien de cela dont il est question, dans l’échange symbolique de la beauté sacrée et de la beauté profane : l’image.
Manquait-il un lieu de dévotion à l’emblème des désirs consuméristes que Thomas Devaux propose avec sa “boîte noire” une manière d’oratoire. Le spectateur s’y présente en pénitent ébloui au milieu d’une trinité sécularisée. Plus loin, la fureur du “black Friday” forme en écho une chorégraphie de l’hystérie collective : ce que le visiteur de la “black box” doit expier.
Extrait d’un texte par Michel Poivert, historien de la photographie
L’exposition se développe autour d’une “Black Box” monumentale de 6 mètres de côtés et de 5 mètres de haut. Dans cet espace, le saint des saints, trois œuvres trônes, majestueuses et sublimées par une lumière presque sacrée.
Véritable ôde à l’ère de la consommation, les œuvres de Thomas Devaux sont présentées comme des objets de consommation empirisant.
Au fond de la Nef, une projection des mouvements de foule du “Black Friday” - événement venu d’Amérique qui se déroule le vendredi après Thanksgiving - dénonce la quintessence de la consommation contemporaine tout en nous questionnant sur son autorité et son pouvoir.
Vente au rabais, prêt de consommation, crédit, remboursement… La récompense est-elle si forte face à nos envies et nos désirs?
Né en 1980, Devaux vit et travaille à Paris, en France. Il expose régulièrement dans les grandes foires internationales, les expositions et les musées, avec des événements récents au Centre Pompidou, à la Maison européenne de la photographie et à la boutique Louis Vuitton à Paris, entre autres. Ses œuvres font partie de prestigieuses Collections privées ou publiques, comme celle de la BNF.
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Thomas Devaux, Totem 74.03, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 3.76, 2024
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Thomas Devaux, Rayon 1.59, 2023
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Thomas Devaux, 3. Ligne shopper : Shopper 1.76, 2019
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Thomas Devaux, 9. Ligne shopper : Shopper 1.77, 2019
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Thomas Devaux, 5. Ligne shopper : Shopper 1.78, 2019
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Thomas Devaux, 2. Ligne shopper : Shopper 1.79, 2019
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Thomas Devaux, 7. Ligne shopper : Shopper 4.9, 2019
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Thomas Devaux, Shopper 5.01, 2023
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Thomas Devaux, Totems 74.02, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 17.20, 2024
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Thomas Devaux, Totem 17.22, 2024
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Thomas Devaux, Totem 17.21, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 17.23, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 5.61, 2024
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Thomas Devaux, Totems 74.09, 2024
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Thomas Devaux, Ligne shoppers , 2019
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Thomas Devaux, Totems 16.27, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.29, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.28, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.30, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 16.31, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 16.32, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.33, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.24, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 16.23, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 16.22, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.21, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 17.29, 2024
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Thomas Devaux, Totem 17.28, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 17.26, 2024
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Thomas Devaux, Totem 17.27, 2024
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Thomas Devaux, Dichroic 17.25, 2024
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Thomas Devaux, Totems 74.01, 2022
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Thomas Devaux, Totems 17.24, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.25, 2024
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Thomas Devaux, Totem 16.26, 2024