AUTOMATIC REVOLUTION: MARTINE FEIPEL & JEAN BECHAMEIL

11 Janvier - 28 Mars 2019
Présentation

En 2014, le couple d’artistes franco-luxembourgeois avait présenté à la galerie l’installation intitulée « Un Monde parfait » portant sur l’architecture moderniste et « utopiste » des années 50-70 et plus spécialement sur les habitations sociales de cette époque ; les Grands Ensembles. Les mou- lages monumentaux reprenaient des édifices emblématiques de cette époque, ainsi que la série de dessins « Derniers souffles » reflétaient la fin d’une utopie. En 2016, dans l’exposition intitulée « A Hundred Hours from Home », les artistes s’éloignaient de l’architecture pour s’intéresser aux objets de notre quotidien, leur propos portaient sur la modernité et sur les contradictions que celle-ci évoque dans notre société contemporaine.

 

« Automatic revolution » est une prise de possession sauvage et sans limite de la robotique industrielle et de ses usages à des fins non productives. Au-delà d’une approche théorique purement intellectuelle liée au monde informatique, il est ici question d’une recherche de l’expérience physique et pratique. Elle tend à s’approprier des machines et de leurs programmes et à les utiliser de façon détournée. Il s’agit, en tout premier lieu, d’outils extrêmement modernes utilisés dans la technologie de pointe et qui ne font normalement pas partie du domaine public. Tous les moyens sont valables pour l’appropriation de ces machines et des formes de program- mation qui leur sont propres. Leur modification et leur détournement sont une partie intrinsèque du travail de Martine Feipel & Jean Bechameil, qui explorent leurs limites. Ce système d’automation qui gouverne de plus en plus notre quotidien et qui est au cœur de notre monde moderne reste néanmoins peu accessible au public. C’est en cela que la maîtrise de la technique et de ses enjeux représente pour les artistes un acte révolutionnaire et symbolise une prise de pouvoir sur une technologie qui nous gouverne.

 

Les utopies qui ont marqué le 20ème siècle sont chargées de symboles glorifiant l’industrie tout en gardant un regard critique sur la place qui était faite à l’homme. Les représentations marxistes d’un prolétariat volontaire et technique pourraient tout à fait être remis à l’ordre du jour dans notre société de l’automation. Les vestiges que l’on nous propose comme étant historiques et que l’on voudrait voir relégués comme d’antiques symboles d’un passé révolu inspirent d’autant plus qu’ils portent justement les rêves d’une société tournée vers l’émancipation collective. Ces mêmes vestiges se voient ici re-contextualisés dans une chorégraphie où le mouvement donne à voir ces symboles comme des fruits de la technologie moderne.

 

« Automatic revolution » s’empare des symboles de notre modernité pour les confronter à cette nouvelle ère de l’automation. C’est à partir d’une partition et d’un système de programmation que les lumières, les sons et les œuvres se sont mis en mouvement dans un ballet automatisé. L’intemporalité qui se dégage de l’automation reprend cette idée d’une modernité comme mouvement perpétuel dans lequel les artistes tentent d’introduire une certaine part de hasard. Ils nous proposent une mise en scène où le silence fait place à la poésie du réel.

 

Biographies:

 

Martine Feipel est née en 1975 à Luxembourg. Jean Bechameil est né en 1964 à Paris. Le couple d’artistes travaille ensemble depuis 2008 et vivent actuellement à Bruxelles. Martine Feipel a suivi des études d’arts plastiques à l’Université des Arts à Berlin et au Central St Martins College of Arts & Design à Londres. Jean Bechameil est passé par l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et par l’Académie Willem de Kooning de Rotterdam. Il a également travaillé sur différentes scénographies de films et a aidé à la réalisation de décors de plusieurs films de Lars van Trier. Le travail de Martine Feipel & Jean Bechameil traite des questions d’espace. Sélectionnés en 2011 pour représenter le Luxembourg à la 54ème Biennale de Venise, leur travail tente, de manière destructive, de montrer la complexité d’idées cachées dans la façon traditionnelle de construire l’espace et en même temps, il cherche à ouvrir une perception pour une réflexion alternative. Dans leur oeuvre, l’art et la société vont de pair. Ces dix dernières années, ils ont été invités à de nombreuses expositions internationales, tels que Kunstmuseum Bonn, le Pavillon de l’Arsenal de Paris ou la Triennale de Beaufort en Belgique. En 2017, le Casino Forum d’art contemporain Luxembourg leur a consacré une exposition mono- graphique. Le COAL prix spécial du Jury 2018 leur a été décerné pour leur projet « Cité d’urgences - Apus Apus ». Ils sont invités à créer une oeuvre pérenne dans l’espace public pour Le voyage à Nantes en 2019.

 

Cette exposition fera partie de la 9ème édition de La Semaine du Son qui se déroulera du samedi 26 janvier au dimanche 3 février 2019.

 

Les artistes et la galerie remercient THINKNTALK et le FOCUNA pour leur soutien.

Vues de l'exposition