YOUNG BELGIUM OPUS II: Sous le commissariat de Jean-Marc Dimanche

17 Mars - 13 Mai 2023
Présentation

 Les images de la préhistoire, qui nous sont parvenues précieusement conservées par l’obscurité des grottes, montrent à quel point nos ancêtres avaient besoin de décrire le récit de leur quotidien. Certaines évoquent la préparation de la chasse, la magie ou le religieux pouvant alors relever du chamanisme. Un art, pourrait-on dire au plus proche de la réalité et du vécu, qui perdure dans l’Egypte Antique, où les fresques sont composées dans le sens même de leur lecture, à l’image des bandes dessinées d’aujourd’hui, et tel un livre ouvert sur les faits de gloire passés ou présents. Il faudra attendre la mythologie grecque pour que le récit dépasse l’ordre établi et la représentation du vivant, pour nous distraire de dieux ou demi-dieux, et autres super héros de l’époque, et que l’Art puisse basculer dans la fiction. Il ne restait alors aux différentes religions que de poursuivre dans cette voie, en l’améliorant, pour mieux asseoir leur pouvoir, jusqu’à ce que les artistes du XXème siècle cassent un peu la mécanique, pour nous proposer d’autres formes de représentation et surtout renouveler l’imaginaire.

 

Depuis les années 2000, le monde s’est encore accéléré, et avec l’avènement des réseaux les images ne cessent d’envahir chaque jour davantage nos vies. Bien loin des Mythologies que Barthes recensait à la fin des années 1950, les fresques d’hier s’inscrivent aujourd’hui sur nos écrans, et chacun d’entre nous d’y émettre sa propre réalité ou véritable fiction puisque reçue comme forme légitime de description du réel. Mais qu’est-ce que le réel devant cette avancée d’images virtuelles qui nous submergent et nos modes d’appréhension toujours empreints d’intérêts et d’émotions ? Aussi, est- il intéressant d’observer, qu’aujourd’hui plus que jamais les jeunes artistes s’emparent de la narration pour nourrir leur oeuvre, que ce soit à travers le témoignage d’une réalité parfois à peine filtrée, ou bien par l’échappatoire d’une fiction savamment élaborée. C’est dans tous les cas, ce qui relie nos cinq jeunes plasticiens, prêt à affronter la scène contemporaine belge, forts d’une écriture sans cesse renouvelée, généreusement irriguée chaque jour par l’actualité d’un monde en perpétuelle mutation. Cette jeune scène belge que nous avons choisie de vous présenter ici se veut comme beaucoup d’autres artistes de nos contemporains, le témoin d’une époque qui ne cesse d’évoluer et de nous bouleverser, mais il est très clair aussi qu’elle résiste à la tentation de voyeurisme et de dramatisation qui caractérisent tous nos médias.

– Extrait du catalogue de l’exposition par Jean-Marc Dimanche

 

Basile Boon

Dès son enfance dans la vallée de la Meuse, Basile Boon, né en 1986, s’invente un monde intérieur fait de jeux de construction, de paysages escarpés, de légendes de châteaux en ruines, qui marqueront son travail d’artiste. En contradiction avec une société qui exige l’excellence et de la spécialisation, Basile Boon se voit comme un généraliste éclectique. Son travail est un mélange imparfait et non sans ironie, d’art brut, de culture pop, de références symboliques et mythologiques, architecturales et artistiques. Une forme d’archéologie inversée, où Basile fait surgir de la terre, une civilisation enfouie dans ses pensées.

 

Antoine Carbonne

Né à Paris en 1987. Vit et travaille entre Paris et Bruxelles. Après avoir passé son enfance au Sénégal puis en Écosse, Antoine Carbonne a poursuivi ses études dans la banlieue parisienne. Il est ensuite allé au Hunter College à New York et aux Beaux-Arts à Paris où il a obtenu un diplôme en 2011. Durant cette période, il visite régulièrement l’atelier de Philippe Cognée et l’atelier d’impression et d’édition de Werner Bouwens.

 

Elsa Guillaume

Née à Carpentras (FR) en 1989. Vit et travaille à Bruxelles. Du dessin à la sculpture, en passant par l’installation et la vidéo, Elsa Guillaume développe une recherche plastique consacrée aux représentations des univers maritimes. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2013 et plongeuse depuis 2011, elle fait converger dans son oeuvre sa passion pour la mer, le dessin et la céramique.

 

Jonas Moënne

Né en Haute-Savoie en 1992. Vit et travaille à Bruxelles. Artiste chercheur, transformateur de la matière, Jonas Moënne a trouvé avec la céramique, mais aussi le verre et la pierre, un véritable terrain d’expérimentation, un champ fertile à la création d’oeuvres aussi insolites que poétiques.

 

Elise Peroi

Née à Nantes (FR) en 1990, Élise Peroi vit et travaille à Bruxelles (BE). Elle est diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, d’un Master en Design textile en 2015. Depuis le début de sa pratique, Élise Peroi, par son travail de tissage et du vide, cherche à traduire ce qui traverse, le souffle, l’atmosphère. Inspirée du livre Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison de François Jullien, elle cherche à traduire une vision englobante du monde, où tout ce qui nous entoure « n’est plus affaire de ‘vue’, mais du vivre ».

 

Commissariat réalisé par Jean-Marc Dimanche.

 

Vues de l'exposition