STANDING WITH NATURE: ARNO RAFAEL MINKKINEN

9 Décembre 2022 - 4 Mars 2023
Présentation

L'œuvre d'Arno Rafael Minkkinen, reconnue partout dans le monde, est entièrement consacrée à l'autoportrait, sur fond d'engagement militant en faveur d'une meilleure place de l'homme dans la nature. Celle qu'il s'assigne à lui-même se veut souvent discrète, fondue, évocatrice de cet Eden perdu dans lequel l'humanité commença son aventure ontologique. Habitant le monde, son monde, en poète, Minkkinen considère son intervention dans le paysage comme un prolongement naturel de son corps, faisant ainsi citation de la partie par rapport au tout. Cette tautologie amène à découvrir comment ce corps humain, le sien, s'intègre parfaitement dans la nature dont il est partie prenante, mais aussi tributaire. L'artiste n'hésite pas, en effet, à se mettre même en danger, à repousser les limites du possible et du tolérable par une forte contrainte corporelle liée à des pratiques de respiration, de contorsion, de résistance au froid et à la chaleur, cette posture ascétique, proche de celle du fakir, allant même parfois jusqu'à la disparition. C'est toujours seul que l'artiste se photographie au moyen d'un déclencheur, sans retouche ultérieure, ni intervention extérieure.


L'art étant une imitation de la nature, il y a donc chez Minkkinen une véritable mise en abyme : le photographe se fond, se tapit, s'évanouit même au cœur de cette nature artiste, rendant compte, en artiste lui aussi, de leur immense talent respectif. L'artiste est donc aussi une œuvre de la nature, dont il nous tend le miroir, pour exister en son sein. Géniale perspective, donc, que cette scénographie de Minkkinen au-dedans même de sa propre œuvre, dont il est à la fois le créateur et la créature.

 

« Je suis seul quand j’admire de l’art ou quand j’essaye d’en faire. A vous, spectateurs, il est donné de regarder ce que l’appareil photo voit au moment précis où le minuteur, ou tout autre système de déclenchement, ouvre l’obturateur. Je ne peux observer que le décor à travers l’objectif, jamais ce moment lui-même, évidemment, parce qu’alors, je me retrouve face à l’optique. Je presse un bouton relié à un cable, ou utilise un autre type de retardateur, et quelque neuf secondes plus tard, l’image est née. Comme personne n’est de l’autre côté de l’objectif pour voir ce qui se passe, le moment devient un pur cadeau offert par l’appareil au photographe, moi-même. Mon travail consiste à imaginer les miracles que pourrait réaliser mon appareil, ces documents authentiques, irréfutables dont la photographie peut encore nous gratifier. »

– Arno Rafael Minkkinen

Vues de l'exposition