AU GRE DE SES "DEPLACEMENTS": Au gré de ses «déplacements», commissariat par Pierre-Olivier Rollin

11 Mars - 7 Mai 2022
Présentation

L'exposition 'Au gré de ses "déplacements" ', sous le commissariat de Pierre-Olivier Rollin, est entièrement construite sur base d'une centaine d'œuvres provenant de l'atelier ou issue de la collection familiale et se veut un cheminement à travers les grands "déplacements" qui jalonnent l'œuvre de Marthe Wéry. Cette exposition accorde de l'attention aux pièces plus anciennes, rarement montrées, comme aux travaux plus récents - à de grands ensembles, comme à des oeuvres plus intimes, en exploitant les potentialités architecturales exceptionnelles de la Galerie La Patinoire Royale Bach.


Née à Bruxelles en 1930, Marthe Wéry est remarquée, dans les années 1960, pour ses gravures géométriques et obtient sa première exposition personnelle à la galerie Saint Laurent, à Bruxelles, en 1969. Au début des années 1970, elle opère ce qu'elle appellera plus tard l'un de ses « déplacements » qui marquera ensuite toute son oeuvre : « Je préfère le terme de déplacement à celui d'évolution. Lorsque je parle de déplacements, ceux-ci restent chargés de questions et de solutions rencontrées antérieurement. Je ne passe pas d'un ensemble de réalisations à un autre ensemble comme s'il s'agissait de périodes successives et clôturées ».


Ce déplacement est celui du renoncement à la peinture géométrique. Elle se tourne alors vers une forme de minimalisme, marqué par ses compositions grises faites de lignes denses tracées à la règle. Elle est alors remarquée sur la scène internationale et participe à l'exposition Fundamental Painting, au Stedelijk Museum, à Amsterdam, en 1974 ; puis à la Documenta 6, à Cassel, en Allemagne, où elle présente un grand ensemble d'œuvres sur papier. En 1982, elle est sélectionnée, avec Jörg Madlener, pour occuper le pavillon belge, lors de la Biennale de Venise. Cette participation est l'occasion d'un nouveau "déplacement ": son retour à la couleur, via des séries de grandes toiles oblongues recouvertes d'une succession de couches de peinture rouge. Le principal ensemble de cette série fait aujourd'hui partie des collections du Musée National d'Art Moderne Centre Pompidou.


Marthe Wéry poursuit la décennie en multipliant ses expérimentations sur les différentes composantes du tableau (support, forme, cadre, couleur), dans de grandes séries qui sont autant de nouveaux "déplacements" qui se plaisent à jouer avec les architectures qui les accueillent, notamment à la Biennale de Sao Paulo et au Musée d'art contemporain de Montréal. Au milieu des années 1990, elle opère un nouveau "déplacement": elle crée à nouveau des tableaux autonomes qui ne s'inscrivent plus nécessairement dans des séries. Pour ce faire, elle développe de nouvelles manières de peindre: la couleur est versée sur les tableaux - posés dans des bacs - et est dirigée par l'inclinaison du panneau, par un ventilateur qui accélère également le séchage. Un jeu incroyable de textures et de nuances chromatiques se forme à la surface du tableau.

 

Marthe Wéry décède inopinément en 2005, alors qu'elle préparait plusieurs nouveaux projets.

Vues de l'exposition