MARIE-LUCE NADAL | PLASTIK: ARTICLE

21 Décembre 2023 

Coups de Foudre et autres Rêveries Queer



Dans un essai philosophique, Sarah Matia Pasqualetti, doctorante en Esthétique à l’École des Arts de la Sorbonne de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, discute le travail de Marie-Luce Nadal par une exploration poétique des foudres.  

 

Marie-Luce Nadal est une artiste-chercheuse qui s’intéresse à l’impermanence de certains matériaux éphémères et/ou atmosphériques : nuages, brouillard, fumée, vapeur, vent, souffle, poussière… Avec ces substances, l’artiste instaure une relation qui se situe entre la recherche scientifique et le dévoilement d’un monde poétique, spirituel. Ses références culturelles sont liées à la terre où elle a grandi, Perpignan, et à des pratiques ancestrales héritées par les savoirs agricoles de sa tradition familiale. Par exemple, dans la performance Faire Pleurer les Nuages (2015-2022), l’artiste puise dans sa culture familiale de la manipulation météorologique et de l’ensemencement des nuages (une forme de modification du temps qui consiste à ajouter différentes substances dans les nuages afin d’influencer les précipitations). En reprenant le combat de son grand-père contre le ciel, Nadal dit « vouloir faire pleurer les nuages et aller chercher leurs émotions ».

 

Situées entre les puissances ouraniennes et les forces chtoniennes, ses œuvres relient, comme la foudre, ciel et terre. Nadal interroge notamment la notion d’atmosphère, tant du point de vue physique que du point de vue psychologique, en s’intéressant aux matérialités incorporelles qui constituent une atmosphère sensible. En suivant une approche poético-scientifique des météores, l’artiste a construit La Fabrique du Vaporeux n°1 (2015) : une machine qui permet de capturer et ensuite reproduire des extraits de nuages. Nadal parle de millésimes d’extraits de nuages car chacun a ses qualités propres. Suite à la récolte, l’artiste peut « sculpter » et interagir avec le nuage, qui néanmoins ne cesse pas de changer.

 

« S’agit-il vraiment de nuages ? » : si ce genre de question relève bien du besoin de contrôle, Marie-Luce Nadal dit que ses œuvres peuvent être lues à travers « plusieurs lignes de perception », permettant donc une ouverture sur le champ métaphorique et poétique. C’est ainsi que, dans ses dispositifs, réel et imaginaire se trouvent mélangés. Pour finir, à travers ses collectes de capture (qui permettent de conserver plus longtemps ces matières) elle instaure un autre type de relation avec ces matériaux, qui s’étale sur des temporalités différentes, notamment plus longues et dilatées par rapport à la perception ordinaire.

 

Lire la suite sur Plastik.