Dans RFI, Siegfried Forster disucte le travail de Lebohang Kganye avec Azu Nwagbogu, commissaire de l'exposition Corps Liberés à Paris Photo.
SF: Nous sommes ici devant Lighthouse Burials (2022), une installation photographique de Lebohang Kganye, une artiste sud-africaine, née en 1990. À travers cette œuvre, pourriez-vous nous donner un exemple comment peut-on se réapproprier les archives, l'histoire ? Comment est-il possible de donner un nouveau sens, une nouvelle dimension à une photo ?
AN: Dans cette œuvre, vous voyez qu'il y a une terre. La terre est un sujet très controversé en Afrique du Sud. L'après-apartheid signifie que les gens sont libres de faire ce qu'ils veulent. Il n'y a plus de ségrégation, mais il reste une ségrégation en fonction de la classe sociale. La redistribution des terres est un élément important dans la discussion. Lebohang Kganye a donc utilisé dans son travail des images d'archives concernant la terre et sa propriété, et elle s'est insérée dans ces archives, dans cette histoire.
Elle ne peut pas retourner dans le passé pour vivre sur cette terre, mais elle peut s'approprier les images de cette terre et en tirer une histoire. Dans Lighthouse Burials, elle creuse. Elle creuse et fouille dans l'histoire. Elle creuse là où elle se trouve. Cela renvoie à une philosophie développée par Sven Lindqvist (1932-2019). Cet écrivain et philosophe suédois a dit que nous devrions creuser là où nous nous trouvons, que nous devrions interroger notre histoire. Cette image derrière moi est une métaphore parfaite pour cette idée d'interroger l'histoire en fouillant dans les images et en réimaginant ce qu'elles peuvent faire.
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