Dans Vogue France, Lolita Mang écrit sur Lebohang Kganye à l'occasion de Paris Photo 2024.
Difficile de placer Lebohang Kganye sur le spectre de la photographie contemporaine. Son œuvre est à ce point intime qu'elle ne ressemble à aucune autre de ses semblables. Faut-il blâmer le manque de représentation d'artistes africains ? Sans doute, mais il faudrait également préciser que l'œuvre de la jeune femme se distingue par la pluralité des médiums qu'elle emploie, ainsi que par son évolution au fil des années. Débutée comme une réflexion autour de l'objet incarné par l'album photo, dans une Afrique du Sud post-apartheid, le travail de Lebohang Kganye a fini par se métamorphoser, doucement, mais sûrement, en une réflexion plus globale sur les notions d'héritage et de colonisation. Un dialogue entre le présent et le passé que l'artiste se plaît à entretenir, incarnant souvent elle-même ses propres personnages, comme le fantôme d'un espace-temps irréel. C'est par exemple, dans Ke Lefa Laka: Her-story (2013), sa toute première œuvre, la silhouette de la fille qui répond à celle de la mère, dans une impossible conversation évanescente. Son corps, aux contours vaporeux, se fait le double étranger à sa propre mère.
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