Régine Debatty interviewe Marie-Luce Nadal, dans un article intitulé Des machines pour capturer les nuages et les éclairs.
RD: Vous avez suivi une formation d'architecte et pourtant, une grande partie de votre travail traite de l'atmosphère, des nuages, du vent, des orages et d'autres éléments insaisissables. D'où vous vient cette envie de vous intéresser à des éléments qui semblent si incontrôlables, éphémères et intangibles ? Cela rend certainement votre travail plus difficile !
MLN: Je suis issu d'une lignée de vignerons, des individus principalement immergés dans les questions de racines et de terre. Néanmoins, en tant que gardiens de la terre et de la vigne, nous restons très attentifs aux cieux qui nous entourent. Je me souviens que mon grand-père utilisait une technologie pour disperser les nuages, notamment parce que la grêle, avant les vendanges, reste notre adversaire le plus redouté, et que la grêle, inévitablement, descend des nuages mêmes. Au cours de mes années de formation, j'ai été éduqué dans l'art de déchiffrer les nuages dans cette région spécifique de la France. Les formations nuageuses y sont différentes de celles d'autres régions du monde, comme vous l'avez mentionné. Comme vous l'avez bien dit, j'ai suivi une voie architecturale. Pour moi, l'architecture est un moyen d'appréhender plus profondément son environnement. Elle transmet la sagesse d'embrasser et d'accommoder l'environnement tout en s'en protégeant. L'architecture sert de méthode pour créer des couches qui vous éloignent de votre environnement, fortifiant ainsi la frontière qui vous sépare de votre environnement.
À bien des égards, une partie de mon travail s'inscrit toujours dans cette volonté d'intensifier cette démarcation. Je continue à me percevoir comme un architecte, que ce soit à travers la fabrication d'outils et de machines qui renforcent le fossé entre moi et l'environnement ou à travers la création d'objets et de cabinets de curiosité qui me permettent d'encapsuler l'environnement, facilitant mes observations et favorisant une meilleure compréhension.
Lire la suite.
