ELISE PEROI
Née à Nantes (FR) en 1990, Elise Peroi vit et travaille à Bruxelles (BE). Elle est diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, d’un Master en Design textile en 2015.
Depuis sa thèse « Tisser le paysage », soutenue à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Elise Peroi s’inspire de la nature sous toutes ses formes. Ses structures installatives sont à la fois peintures, tissages, ou peut-être même encore davantage sculptures... Un peu comme une nature en marche, un jardin debout, rêvé ou fantasmé, écho sensible et volatil aux hétérotopies de Michel Foucault et aux Villes invisibles d’Italo Calvino.
Que ce soit dans ses installations architecturées dans lesquelles s’élèvent des constructions porteuses, ou plus récemment à travers ses plans jardins posés au sol tels des tapis à la fois décomposés et recomposés de pièces textiles et matériaux naturels, Elise Peroi ne cesse d’explorer l’art du tissage. Un travail, ou devrait-on dire un regard qui convoque le plein et le vide, toujours en étroite relation avec les éléments qui nous entourent. Le végétal bien sûr, le minéral, l’ombre et la lumière, jusqu’à l’air que l’on respire. «Je recherche en même temps la manière de traduire le souffle du paysage et le paysage comme lieu habité», aime-t-elle à préciser. Inspirée du livre ‘Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison’ de François Jullien, elle cherche à traduire une vision englobante du monde, où tout ce qui nous entoure «n’est plus affaire de ‘vue’, mais du vivre».
Tout commence chez elle par la peinture, celle d’un imaginaire lié au vivant qu’elle vient dessiner à la surface de la soie, monde fantastique habité de végétaux et d’animaux étranges qui semblent déjà comme en mouvement. La toile sera ensuite lacérée pour être introduite, fragment après fragment, constituant une insolite chaine qu’Élise Peroi aime à dédoubler sur son métier à tisser, de manière dit-elle à créer de la profondeur, laisser passer l’air. Ce fameux souffle qui porte son travail une fois les oeuvres accrochées ou tendues sur les structures de bois, telle une Nature en marche, un paysage suspendu et comme flottant au-delà de l’horizon de nos yeux. Il y a là sans doute un peu d’artifice, de magie visuelle, un certain écho à l’art du Tokonoma Japonais, fenêtre de l’esprit qui traverse le mur pour nous transporter vers un extérieur idéal puisque parfaitement mentalisé.
Peintre de paysage, tisserande de Nature, sculpteur du vivant... peu importe la dénomination qui conviendrait le mieux pour définir l’insolite artiste qu’est Elise Peroi, l’oeuvre se révèle dans cette dimension qu’elle a à transcender notre propre réalité pour nous plonger dans un état presque gazeux, un monde aux contours plus doux et à la beauté augmentée, porté juste par le souffle de l’Art!